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Interview de Cécile Duflot : « Le climat n’est pas qu’une question de conscience individuelle »

Interview de Cécile Duflot : « Le climat n’est pas qu’une question de conscience individuelle »

À partir du 17/12/2020

Deuxième focus sur l'engagement de Biocoop pour le climat avec Cécile Duflot. L’ancienne ministre, aujourd’hui directrice générale de l’ONG Oxfam France, nous expose comment le bien-être social est étroitement lié à la transition écologique.

 

Deuxième focus sur l'engagement de Biocoop pour le climat avec Cécile Duflot. L’ancienne ministre, aujourd’hui directrice générale de l’ONG Oxfam France, nous expose comment le bien-être social est étroitement lié à la transition écologique.
     
    

Propos recueillis par Nicolas Bauche

 

« Nous avons émis autant de CO2 de 1990 à aujourd’hui que de 1850 à 1990. » Photo Maxime Riché

                 

Comment le dérèglement climatique impacte-t-il les classes les plus fragiles ?

    

Naturellement, le combat d’Oxfam contre la pauvreté a glissé vers celui en faveur du climat. En effet, nous avons constaté qu’une partie du maintien ou de l’aggravation de la pauvreté, la défaite en cours du combat contre la faim étaient liées aux effets du dérèglement climatique.
  
Les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre sont les classes sociales les plus riches. 10 % des plus riches en produisent 52 %. Et cette tendance ne fait qu’accentuer depuis 2015.

   
  

Quels sont les leviers pour obliger les classes les plus riches à agir en faveur du climat ?

   

La réglementation est une clé de voûte décisive. Le combat contre la pauvreté et le changement climatique sont le résultat de décisions et de non-décisions. Le dérèglement climatique n’est pas une fatalité. Nous avons émis autant de CO2 de 1990 à aujourd’hui que de 1850 à 1990.
 
Le cabinet Carbone 4 a montré que, si l’on veut atteindre les objectifs des Accords de Paris, 25 % dépendent des comportements individuels. Par exemple, circuler en vélo plutôt qu’en voiture. Cela signifie aussi que 75 % dépendent des politiques publiques.
    
Si tout le monde était exemplaire, les trois quarts du chemin ne pourraient être accomplis que par le changement des politiques publiques au niveau local, national et international. Le climat n’est pas qu’une question de conscience individuelle. C’est une question de politique à engager.

   

 

Avec la vigueur de la bio, le secteur de l’alimentation est-il le levier d’une économie circulaire plus vertueuse pour chacun ?

  

Historiquement, la bio est un modèle qui a des valeurs. Mais avec l’augmentation de la consommation en bio, l’industrie agro-alimentaire s’est aussi emparée du sujet avec des labels encadrant leurs produits.
  
On ne peut pas réduire la bio à la production sans intrants chimiques. Le débat sur les serres chauffées a ainsi permis de réinterroger le bio au prisme du bien-être social général, de son impact carbone, et de sa durabilité. Ce sont les trois clés pour analyser les bénéfices d’un changement de modèle.
   
Aujourd’hui, tout est mesuré à l’aune du PIB. Il existe pourtant d’autres indicateurs de richesse plus fins et prenant en compte la valeur dans toute sa globalité. Je pense notamment à l’espérance de vie. Aux États-Unis, elle chute du fait de morts causées par la consommation d’opioïdes et du fait de suicides. Ce sont des signes typiques de la désespérance sociale.
    
Un indicateur comme l’espérance de vie permet de mesurer, si une politique est efficace et source d’une meilleure qualité de vie pour l’ensemble de la population. Dans ce cadre pour un mieux-être de la population, l’agriculture bio pourrait être, entre autres, un levier de santé pour tous, d’une alimentation plus saine.

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